Tabo est un village plante a 3000 m au fond de la vallee du Spiti, qui devient plus large a cet endroit. On ne sait pas vraiment pourquoi, mais il y a mille ans, un moine bouddhiste a decide de fonder ici un monastere que l'on peut toujours visiter. Apres la route fabuleuse pour arriver jusqu'ici, nous avons pose nos sacs dans une chambre accueillante de la guesthouse du monastere. Comme partout dans la region, il y a de l'eau chaude mais pas de chauffage, donc aglagla, mais on a pratique le technique de l'oignon ce qui nous a permis d'eviter la pneumonie.
A Tabo il faut aller voir le monastere, parce que c'est un des 3 plus importants du bouddhisme tibetain et parce que il s'en degage un atmosphere unique. Rien a voir avec la grandeur doree des temples bouddhistes thais, ici, la ligne est minimaliste, les constructions en terre seche qui constituent les differents temples sont autant de lignes simples et douces, de bosses, de stupas reduits a leur plus simple expression. Ici, l'architecture fait penser aux villages du desert de l'Afrique du nord. Couleur terre, le monastere est monochrome a l'exterieur, mais a l'interieur : 9 temples decores avec minutie de fresques representant les bouddhas, les bodisatvas, les demons et les deesses, des couleurs extremement bien conservees par l'obscurite des lieux - sans lampe de poche, rien a faire, mais nous on y avait pense, ehe! L'impression qui s'en degage est eblouissante, tant le monastere est simple dans sa forme exterieure et elabore dans ses fresques interieures. Un lieu magique.
A Tabo, ou on est restes deux nuit, on a pu egalement se familiariser avec les yaks et admirer la vallee, de haut, sans perdre cette impression d'etre arrives sur une nouvelle planete.
Et puis on a repris la route pour Kaza, la grande ville de la vallee du Spiti, qui doit faire a tout casser 1000 habitants. Une maison tibetaine pour guesthouse, un petit jardin, du soleil, on etait bien, surtout que la vallee, qui s'elargit encore et laisse a la riviere Spiti la fantaisie de se ramifier en plusieurs cours qui s'etalent sur le sable, est toujours aussi somptueuse. Par contre, des que le soleil disparait, c'est le grand nord, on est alors a 3600m d'altitude. Le souffle est court, un peu mal a la tete, mais pas d'autre signe du mal des montagnes, heureusement.
Tout proche de Kaza on a fait une petite escapade dans le monastere voisin de Ki Gompa perche comme un chateau cathare sur une eminence, avec une vue de folie. Les moines t'invitent pour un chai (the au lait) dans leur cuisine de bois noirci et te font visiter les lieux. Dans la partie la plus ancienne, une simple salle de 2m carres, un moine de 200 ans au moins fait tourner un enorme moulin a priere en essayant de te vendre un chappelet a 5000 roupies (150chf)...
Et puis c'est le grand depart pour Manali, une journee de route et deux cols - le Kunzum La a 4500m et le Rothang La a 3900 m. Pour cette route, le bus n'est pas recommande (entre 12 et 15 heures si tout va bien) alors, apres moultes complications et revirements de situation picaresques on parvient a grimper dans une jeep louee par un couple de Chiliens adorables, Pato et Ale. Sur la route, on fera aussi la connaissance de Morgane et Thibault et de leur petit Camille, tous des voyageurs au long cours avec lesquels nous partagerons avec plaisir un peu de notre voyage jusqu'a Manali.
La route est toujours aussi belle mais moins sableuse plus pierreuse alors que nous quittons la vallee du Spiti pour passer dans la vallee de la Chandra, avant d'attaquer le Kunzum La au panorama eblouissant. Nous nous trouvons alors dans le Lahaul et il n'y a plus de villages. Eau, terre pierre et neige, rien d'autre. Le bleu du ciel doit etre le premier bleu du monde.
Le Rothang La, par contre, ressemble a un parc d'attraction, avec ses shops, ses indiens qui chaussent les skis pour la photo, ses chevaux et ses yaks pour touristes, nous passons et atterrissons... dans le Jura.
Manali, de l'autre cote du col, est une petite ville situee une vallee boisee, douce et pluvieuse. Le coin est accueillant et les gens, a dominante nepalaise et tibetaine, aussi. On est bien, il fait un peu moins froid et on se repose, enfin. Ces dix jours dans les vallees du Kinnaur-Spiti-Lahaul ont ete eprouvants mais on croit pouvoir dire que la nature nous a sideres, avec tres peu de choses : un peu d'eau, un peu de terre et quelques yaks dans le desert...